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Fredailleurs
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Fredailleurs
10 avril 2008

La presse et la mondialisation

En attendant que je relise attentivement mes dernières larmes pamphlétaires, j'en ressors une vieille qui n'a pas été publié sur ce blog. je l'avais écrit en 2001, certaines choses ne sont plus trop d'actualité, mais dans l'ensemble on ne s'y perd pas. Le manque de réponses substantielles en matière de réformes politiques positives et d’avancement social est accru par l’inexorable démission ou disparition de la presse journalistique indépendante. Ce qui fut pendant longtemps perçu comme un contre pouvoir ou un observateur des défaillances des trois pouvoirs traditionnels (législatif, exécutif et judiciaire) a subi une métamorphose qui l’a fait passer de la raison pure (faculté de jugement par opposition, ex : le vrai du faux, le bien du mal) à la raison instrumentale (la technique) inhérente au capitalisme ultra libéral et ce au cœur même de sa structure industrielle qui s’est vue absorbée par les grandes multinationales. Avant même que la presse indépendante soit récupérée par le chalutier géoéconomique, un autre élément dominant était nécessaire pour que ce changement radical s’opère : après une brève contrainte courtisane des principaux acteurs politiques, ces mêmes multinationales les ont purement et simplement rachetés par le biais du filtre du « politiquement correct », la sponsorisation. Dans le même élan de gigantisme, les grands groupes auront ainsi racheté deux des trois pouvoirs traditionnels et l’indépendance du judiciaire (en France sous tutelle du Garde des Sceaux, donc un politique…) a perdu pendant ce temps substance et transparence (on ne compte plus les casseroles…).Tout se rassemble autour d’objectifs purement mercantiles et populistes, et cette « mercantilisation » transforme tout ce qu’elle touche, en spectacle ; au mieux insipide, au pire sordide voire révoltant. Des politiques et leurs vies privées, à l’art, en passant par la douleur d’une mère devant les corps de ses enfants, sans parler de l’amour des autres ou du sexe par l’accès des pornographes à nos fenêtres audiovisuelles serviles . Tous les segments de l’information offrent un spectacle réducteur certes, mais au combien alléchant et spectaculaire de notre environnement, pour, par la suite, chercher à nous faire culpabiliser en nous renvoyant le reflet de nos propres pulsions voyeuristes. Le penchant de la morale obscurantiste frappe alors à nos portes : quelles pertes de valeurs culturelles ou spirituelles nous poussent donc à nous écarter des préceptes de base de tout enseignement religieux. C’est le cas du dealer qui se vêtirait du froc ecclésiastique pour ajouter au fardeau de la dépendance, dont il est le maître à penser, la dimension moralisatrice qui étouffera totalement toute volonté qui pourrait encore émaner de ses victimes. Les trois secteurs médiatiques autonomes les uns des autres (culture, communication et information), que nous pouvions distinguer clairement jusqu’à l’avènement de CNN, ne forment plus qu’une bouillie informe, « glamour » et calculée, n’ayant pour aucun autre but que de désensibiliser les masses populaires de l’emprise totale des secteurs médiatiques au niveau planétaire. Ils peuvent ainsi diffuser grâce à leur dynamique et importance économique, sans aucun risque de critique objective, la projection idéologique d’un monde parfait régi par les acteurs centraux de la mondialisation libérale – l’avènement d’une démocratie de marché où tous les pouvoirs et contre-pouvoirs se sont confondus. Le but est de contenir les revendications populaires par cette intoxication manipulatrice, fer de lance d’un pouvoir fusionnel qui se défendra dans le sang et sans concession pour la survie des privilèges de sa caste dirigeante oligarchique. Seul objectif, le formatage des serviteurs/consommateurs et ce qui n’est pas « formatable » devra être recyclé ou détruit. Comment feront nos enfants pour cultiver une pensée libre, lorsque l’éthique et la déontologie des professions de presse ont été rattrapées par un pouvoir digne du 1984 d’Orwell? Comment s’assurer que tel ou tel mouvement citoyen ou forum social ne soit pas contaminé par les développeurs de la nouvelle pensée unique planétaire? Nous sommes captifs, en plein vol initiatique d’un prototype, dont les concepteurs fous n’ont sans doute pas évalué la portée et l’impact de « vulnérabilisation » universelle. La loi de la pesanteur veut que nous atterrissions éventuellement, prions que nous ne tomberons ni dans les toiles du « Château » de Kafka ni dans le « Meilleur des Mondes » d’Aldous Huxley.
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